The Hellenic Corporation of Assets and Participations S.A., as an active advocate against climate change, represented Greece, for the first time, at the 4th One Planet Sovereign Wealth Funds (OPSWF) annual Summit.
Un après-midi à 36 000 milliards de dollars (31 000 milliards d’euros) : rarement les dirigeants d’institutions financières totalisant une telle puissance de feu auront été rassemblés, même si l’essentiel s’est effectué par écran interposé. Lundi 4 octobre, la grand-messe annuelle de la coalition
One Planet Sovereign Wealth Funds (OPSWF – « Fonds souverain One Planet ») s’est tenue à l’Elysée, en présence d’Emmanuel Macron et de John Kerry, l’envoyé spécial sur le climat du président des Etats-Unis, Joe Biden, ainsi que de Mark Carney, conseiller du premier ministre britannique, Boris Johnson, pour la COP 26.
Cette plate-forme internationale avait été créée par le président Macron, en décembre 2017, pour « accélérer » la mise en place de politiques de gestion en ligne avec les accords de Paris chez les fonds souverains, ces bras armés des Etats, avec l’idée d’entraîner, ensuite, la finance privée. « Notre politique d’investissement est fondée sur la responsabilité qui est la nôtre de générer un rendement durable pour les futures générations », rappelle Mansoor Bin Ebrahim Al-Mahmoud, le directeur général de Qatar Investment Authority (QIA).
Avec ses homologues d’Abou Dhabi (ADIA), du Koweït (KIA), de Nouvelle-Zélande (NZSF) et d’Arabie saoudite (PIF), le fonds qatari est l’un des cinq membres fondateurs au comité de pilotage du OPSWF.
Au fil des ans, le cercle s’est élargi pour compter désormais 43 membres, y compris des gestionnaires d’actifs (Amundi, BlackRock, HSBC Asset Management…) et des fonds d’investissement (Ardian, Carlyle, Macquarie…).
« Les résultats peinent à se faire sentir »
« Ce n’est pas le premier rendez-vous entre le gouvernement français et les fonds souverains, et les résultats peinent à se faire sentir sur le front de la décarbonation des flux financiers. Les milliards de dollars toujours investis par certains fonds souverains, comme celui du Japon, dans le secteur du charbon en disent long sur le chemin qu’il reste à parcourir pour aligner leurs portefeuilles avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie », déplore Lucie Pinson, à la tête de l’ONG
Reclaim Finance. Pour elle, « il ne suffit plus uniquement de sortir du charbon, mais bien de ne plus développer de nouveau champ de production d’énergies fossiles, et de pleinement décarboner le secteur de la production d’électricité, au plus tard d’ici à 2040 ». « Espérons que cette réunion à un mois de la COP26 aboutisse enfin à de vrais engagements. »
Les participants à la coalition, eux, témoignent d’un travail de fond, d’une émulation vertueuse qui commence à porter ses fruits. Des investissements du QIA dans les fabricants de viande d’origine végétale à ceux de Mubadala (Abou Dhabi) dans l’hydrogène « vert », en passant par la réduction de l’utilisation des engrais azotés dans les fermes appartenant au NZSF, les fonds ont pu faire état, lundi, de « plus d’une centaine » de réalisations concrètes depuis le précédent opus.
L’indien National Investment and Infrastructure Fund (NIIF) intervient avec la banque de développement britannique CDC, l’un des plus importants dans un pays émergent, visant à investir pour 940 millions de dollars dans des projets innovants de décarbonation ou d’assainissement en Inde. « Nous en sommes particulièrement fiers », se réjouit Sujoy Bose, son directeur général. Parmi ces investissements, une station d’épuration destinée à réduire de 15 % les eaux non traitées déversées par l’Etat indien dans le Gange.
« Manque d’informations disponibles »
Ces acteurs financiers insistent sur la valeur des échanges avec leurs pairs. « S’engager dans l’OPSWF nous a aidés à comprendre comment les investisseurs dans les différentes parties du monde réfléchissent aux enjeux climatiques, à l’impact profond que les facteurs environnementaux pourraient avoir sur leurs portefeuilles d’investissement et comment s’assurer que les futures stratégies d’investissement sont durables », précise M. Bose. « En travaillant ensemble nous pouvons générer un impact fort, car aucun pays par lui-même ne peut se convertir à une production et une consommation durables », ajoute Gregory D. Dimitriadis, à la tête du Hellenic Corporation of Assets and Participations (HCAP).
A cet égard, le retour d’expérience du New Zealand Sovereign Fund, un des acteurs les plus avancés en matière d’investissement responsable avec le fonds norvégien, s’avère encourageant pour les financiers. « La politique d’exclusion du carbone mise en place depuis plusieurs années a permis d’augmenter de 60 points de base par an la performance financière du fonds », explique Matt Whineray, directeur général de l’institution située à Auckland.
Pour lui, un des freins à la transition écologique reste le « manque d’informations disponibles dans le domaine public » sur la manière dont les risques climatiques sont gérés et publiés par les entreprises.
« Notre collaboration soutient le développement de publications financières significatives et cohérentes à l’échelle internationale », avance M. Al-Mahmoud.
A l’heure où beaucoup, à Paris, craignent que les Etats-Unis, malgré leur retard, finissent par mettre à leur sauce les standards et mesures d’un nouveau capitalisme respectueux de l’environnement, cette coalition internationale, animée par un leadership français, pourrait bien avoir son importance à l’avenir.
Source: “Climat: une coalition financière à l’Elysée”, Le Monde, 5 October 2001